Si vous avez été joueur PC dans les années 90, vous connaissez forcément Little Big Adventure (Relentless). Pour les autres il s'agissait d'un jeu de Adeline Software, société créée par Frédérick Raynal et une partie de son équipe ayant travaillée avec lui sur Alone In The Dark. Plus qu'un nouveau jeu des créateurs de, Little Big Adventure s'est imposé à l'époque comme un très grand jeu, devenu culte pour ceux ayant pu y jouer à l'époque. Même si on a eu le droit à des portages mobiles et des versions compatibles avec les OS modernes, les joueurs attendent toujours avec impatience de retrouver Twinsen (le héros du jeu) dans de nouvelles aventures. Ce ne sera pas encore pour cette fois, mais le Studio 2.21 nous propose tout de même un remake du premier épisode pour nous faire patienter (et surtout prouver à l'éditeur qu'il y a un marché pour une suite). Cette nouvelle pourrait s'avérer inquiétante si le studio n'était pas aux mains d'un des co créateurs du jeu d'origine et qu'une partie du staff d'époque (Didier Chanfray, Sébastien Viannay et Philippe Vachey sont de la partie, Frédérick Raynal n'officiant que comme consultant de temps à autre) se cache derrière ce remake. Allez les lapinchons d'amour venez donc découvrir cette petite grande aventure avec nous.
Détenu Twinsen ! Cessez de vous agiter
La première chose qui frappe le joueur d'époque, c'est que le scénario du jeu a été un peu remanié dans ce remake. On note en particulier un prologue se situant quelques années avant expliquant un peu mieux les enjeux. On y dirige donc un jeune homme appelé Twinsen. Enfin homme est un bien grand mot car il s'agit en fait d'un Quetch. C'est comme un humain, mais ça porte toujours une queue de cheval. On se balade donc sur différentes îles de la planète Twinsun - qui porte son nom car deux soleils gravitent autour de la planète pour qu'il y fasse toujours jour. On croise au cours de nos aventures des lapichons (humanoïdes lapins), des Grobos (humanoïdes éléphants) et des bouboules (des boules avec des bras des jambes et un visage sur le ventre). Mais le plus important c'est que vous vivez seul avec votre soeur et que vous adorez le boingball. Pas de chance, le docteur Funfrock veut raser le terrain de jeu pour y construire un centre de soin. Voilà qui va énerver Luna - la soeur de Twinsen - qui va se rebeller. De fil en aiguille elle finira par se faire kidnapper par le docteur Funfrock et Twinsen finira par être emprisonné. Twinsen (donc vous), va donc s'échapper de là et tout faire pour retrouver sa soeur, et tant mieux si au passage il peut rendre service et se découvrir un destin inattendu. La bonne nouvelle qui saute aux yeux, c'est que toute l'histoire est toujours en français avec des doublages intégraux dans la langue de Molière. Certes certains personnages sont plus réussis que d'autres, mais on garde le charme des dialogues surjoués d'époque. Twinsen semble être doublé par Benjamin Bollen (connu entre autres pour être la voix de Cinq dans Umbrella Academy , de Tintin et d'Adrien Agrest/Chat Noir dans Miraculous Ladybug). Si on met de côté le pitch d'origine un peu modifié (Zoé n'est pas juste une copine kidnappée mais obtient un rôle plus important) le jeu est très fidèle à l'original. On perd tout de même quelques phases en lien avec l'infiltration qui passe complètement à la trappe.
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On ne change pas une recette qui marche
Little Big Adventure : Twinsen's Quest ne réinvente pas la poudre à couper l'eau chaude. S'il propose un moteur de jeu entièrement refait et des améliorations de qualité de vie, il reste assez fidèle à son modèle malgré quelques libertés assez inattendues. Graphiquement d'abord, on découvre forcément un style graphique un peu différent du style d'époque limité par les capacités techniques des machines. Forcément ça peut choquer un peu le puriste, mais on s'y fait vite et c'est cohérent. Musicalement on retrouve avec plaisir les thèmes iconiques du jeu avec une réorchestration bienvenue. C'est au niveau de la jouabilité que le jeu a subi le plus de transformation. Exit la maniabilité "tank" héritée d'Alone In The Dark, on peut désormais se déplacer librement. En revanche les fameux modes de comportements (discret, normal, sportif et agressif) ont disparu pour dispatcher les actions sur différents boutons de la manette. On perd une légère profondeur de jeu, mais on y gagne clairement en réactivité. Il est plus simple de sauter, puis de se retourner et d'attaquer un ennemi dans la foulée. Ça en devient presque trop simple, le jeu en prend un gros coup au niveau de la difficulté. En plus on peut même faire des roulades (même si ça n'apporte pas grand-chose). La balle magique - baballe super rebondissante qui revient toute seule - est bien plus simple d'utilisation d'autant qu'il est possible de verrouiller un ennemi et de se déplacer tout en le gardant en vue. On peut à loisir modifier le type de trajectoire pour atteindre des endroits improbables par rebonds sur des ennemis sans défense. Ça serait presque trop beau si une maniabilité un peu approximative ne venait pas un peu gâcher la fête. Rassurez-vous, rien de rebutant ou de bloquant, mais le lock d'un adversaire qui ne se fait pas parce qu’un millimètre trop loin c'est un peu frustrant. Les sauts eux aussi souffrent d'une jouabilité un peu étrange. Hérités du jeu d'origine ils sont peu hauts et très en longueur avec possibilité d'en changer la direction en plein saut. Ils auraient probablement pu être améliorés, même si fort heureusement les passages plateformes sont rares et peu compliqués. Mais rater une plateforme, tomber dans l'eau et provoquer ainsi un game over qui demande de recharger une scène entière et parfois une cinématique non passable c'est aussi parfois pénible. Globalement l'interface pourrait aussi être perfectible. Il aurait été pas mal par exemple de pouvoir zoomer et défiler la carte à volonté pour plus de lisibilité, et la mise en avant du lieu sélectionné dans la liste mériterait d'être mieux mise en avant. Toutefois le livre d'aventure est une excellente idée qui aide vraiment à savoir quoi faire pour ne pas rester bloquer trop longtemps. Twinsen récupère un livre de dessins de sa sœur, et y note au fur et à mesure en images les indices qu'il trouve et ses remarques.
Du budget s’il vous plait, pour mes enfants
Little Big Adventure : Twinsen's Quest est un bel hommage fait avec amour par les papas d'un jeu culte. Malheureusement, le jeu est probablement sorti trop tôt ou a manqué de budget. On a évoqué certains soucis de jouabilité, mais le jeu souffre surtout d'un bien trop grand nombre de bugs plus ou moins gênants. On ne les citera pas tous, mais par exemple le son d'un saut qui se déclenche une deuxième fois à l'atterrissage est assez étrange. Dans la catégorie des bugs flagrants, on note surtout pas mal de bugs de collision. Par exemple lorsque vous montez à une échelle et finissez par continuer à grimper dans le vide, ou lorsque vous vous baisser pour avancer dans un tunnel, mais que l'animation se fait sur place. Un certain type d'ennemi vers la fin du jeu semble avancer en se téléportant avec une routine d'animation étrange. Certains bugs de scripts sont aussi présents et forcent à relancer une sauvegarde précédente. N'hésitez pas à multiplier les emplacements de sauvegardes pour éviter d'éventuels blocages dans la progression. Le bug le plus gênant est ce qui semble être une fuite de mémoire. à force de jouer le jeu se met à ne plus jouer la musique, puis à avoir des bugs sonores, à ralentir petit à petit avec même des freezes jusqu'à finir par devenir proprement injouable. Ça m'est arrivé deux fois durant mon aventure. Heureusement, le problème se règle en quittant et relançant le jeu (recharger la sauvegarde ne suffit pas), n'attendez donc pas le stade ultime pour agir. La plupart des bugs pourront être corrigés via patchs sans trop de soucis et ne cassent pas le jeu, de plus ils n'empêchent clairement pas d'y prendre du plaisir.
Mon avis à moi
Little Big Adventure : Twinsen's Quest est un jeu qui divisera probablement. Les fans passeront probablement outre les petits défauts tant le plaisir de retrouver Twinsen est forte. Pour les nouveaux venus, habitués à des standards modernes un peu différents c'est peut-être plus compliqué. Toutefois l'univers foutraque de LBA mérite qu'on se penche dessus et on ne peut que les encourager à sauter le pas, d'autant que si le jeu est un succès, cela ouvre la porte à un remake du 2 et peut-être même à une éventuelle suite. Et ça, ça n'a pas de prix. Par contre on ne le redira jamais assez, quand on achète un remake, on aime bien avoir la rom de l’original intégrée.
A qui s'adresse Little Big Adventure : Twinsen's Quest ?
- Aux fans du jeu d'origine
- A ceux qui se demandent pourquoi ce jeu était si culte
- A ceux qui aiment les univers un peu décalés et la french touch
A qui ne s'adresse pas Little Big Adventure : Twinsen's Quest ?
- A ceux qui veulent absolument un jeu fignolé à la perfection
- A ceux pour qui l'original se suffit à lui même
- A ceux qui ne supportent pas une ambiance bon enfant
Johann Barnaud alias Kelanflyter